prononcé le 13 mars 2019 salle des Magnals devant plus de 600 personnes, lors de la réunion de concertation organisée par les services de l’État.
Je ne vais pas reprendre les interventions des associations et des habitants de la commune qui se sont exprimés ce soir parce que je souscris à ce qui a été dit en termes d’habitations, de pollution, de contraintes, de proximité des écoles ou du patrimoine.
Je veux m’exprimer en tant que maire au nom de mon conseil municipal unanime en ayant si vous le permettez une approche globale du territoire communal et de ses enjeux.
Je sais que c’est un sujet difficile tant pour les habitants que pour les élus mais je sais aussi qu’il est urgent de trouver une solution pour cette RN 147 sans pour autant accepter n’importe quel tracé ! Ne rien faire serait le pire scénario pour l’avenir de la commune de Mignaloux-Beauvoir qui se retrouverait alors pour des années encore dans une situation que je qualifierai de dramatique avec notamment la pollution et tous les flux parasites qui traversent nos quartiers.
Ce qu’on peut dire aujourd’hui de la situation c’est que la RN 147 avec 18700 véhicules/jour est une véritable barrière qui a bloqué jusque-là le développement central de la commune. L’exemple le plus frappant c’est l’église qui se retrouve toute seule de l’autre côté de la nationale ! Il n’est pas question pour nous de renforcer cette barrière par un aménagement sur place qui nécessiterait une large emprise foncière et supprimerait des accès à la commune notamment par exemple vers la mairie et les écoles.
Doit-on aussi laisser la pollution de l’air augmenter avec le trafic au détriment de la santé des 388 enfants des écoles à proximité et 33 de la crèche ? Je vous renvoie à l’article aujourd’hui paru dans la NR sur les conséquences dramatiques de la pollution de l’air. Pour ma part je choisis sans hésiter la santé de nos enfants ! Et s’ajoute bien sûr tous les riverains impactés.
L’option Nord Court – celle qui passe à la Cigogne – qui nous est proposée parallèle à la RN 147 et à seulement quelques centaines de mètres accentuerait encore cette coupure en créant à côté de la RN 147, au cœur de la commune, une nouvelle barrière qui cisaillerait irrémédiablement la commune et empêcherait son unité et son développement futur. C’est une aberration. Je le dis tout clair : ce n’est pas acceptable !
Et c’est sans parler du patrimoine communal de la Cigogne.
On doit respecter notre intégrité territoriale.
Ce projet de déviation doit-être une opportunité pour permettre à la commune de retrouver une cohérence territoriale et donc la possibilité d’un développement futur recentré incluant la partie du versant nord de la nationale et retrouver ainsi une unité et un vrai cœur de commune.
L’enjeu est de taille car si on se projette dans l’avenir, le besoin de logements près de Poitiers sera important. Or pour y répondre il faut une politique d’urbanisme qui réponde à un certain nombre de critères :
- proximité avec le bassin d’emploi
- transports en commun rendus alors possibles
- déplacements doux en site propre
- commerces de proximité
- politique foncière maîtrisée.
Mignaloux-Beauvoir a ces atouts du fait de sa proximité avec Poitiers à condition qu’elle puisse se développer de l’autre côté de la Nationale.
Je le dis, préservons l’avenir et n’enfermons pas notre commune dans une situation qui bloquerait cette politique faite pour rapprocher les habitants et non les éloigner avec tous les problèmes que cela pose notamment en terme de déplacements, de pollution et de coût.
A-t-on coupé le bourg de Lussac-les Châteaux ou celui de Fleuré pour faire leur déviation ou le bourg de St Julien l’Ars pour son futur contournement ? NON. Le Président du Conseil Départemental a annoncé vouloir faire la déviation de Lhommaizé : passera-t-elle dans le bourg ? NON !
Dites-moi quel maire en France accepterait cela ? En tout cas ce ne sera pas moi !
Je le redis nettement nous n’acceptons pas de voir la commune cassée en deux par ces options. On ne va quand même pas revenir à la situation d’avant 1789 avec Mignaloux d’un côté et Beauvoir de l’autre !
Je m’étonne d’ailleurs beaucoup que l’étude présentée ne prenne pas du tout en compte cette problématique d’aménagement du territoire.
Je constate aussi que toutes les déviations que je viens de citer, faites ou à faire passent toutes ou passeront toutes sur des terres agricoles. À moins de les accrocher aux nuages !
On parle aussi d’une possible autoroute Poitiers-Limoges qui utiliserait les portions de 2×2 voies existantes. (Nous devrions le savoir fin juin). Imaginez un peu le centre de notre commune coupé par une autoroute ou par la continuité d’une autoroute !
On nous dit de traiter d’abord le dossier mis en concertation ce soir et qu’on verrait après pour l’autoroute quand la décision serait prise. Moi je dis NON, les deux projets sont indissociables car les objectifs d’une autoroute ne sont pas les mêmes que ceux d’une 2×2 voies. Le trafic de proximité et du quotidien n’est pas pris en compte par une autoroute ce qui change tout quant au but recherché.
Parlons aussi de l’option Sud : elle isole la commune du quartier de la Gare et de ses nombreuses habitations. Il faut souligner le rôle important que la gare pourra jouer dans les années à venir en devenant un lieu d’échanges multimodal. Pour mémoire 2 lignes s’y rejoignent : Chauvigny-Jardres-St Julien-Mignaloux-Poitiers et Limoges-Montmorillon-Mignaloux-Poitiers, sachant aussi qu’un embranchement ferroviaire existe permettant de desservir une réserve foncière à vocation économique de Grand Poitiers.
Mais le territoire de la commune comprend aussi une portion de la route de Chauvigny : la RD 951 supporte 12500 véhicules/jour et sature au rond-point du Breuil-l’Abbesse. La RD 951 fait aussi partie pour nous de même problématique de notre territoire et il faut traiter aussi cette voie qui est une entrée de ville importante.
Le maire de Chauvigny s’est récemment exprimé réclamant un aménagement de cette route essentielle pour l’attractivité et le développement de son territoire. Alors qu’une déviation de St Julien l’Ars au nord de cette commune est prévue, on a là par le Nord Long 1 une occasion de traiter une partie de cette route et donc le Breuil l’Abbesse au lieu de laisser penser que la RD 1 pourrait servir de délestage. Je demande une mise en cohérence de ces projets qui engagent l’avenir durablement.
Je sais que ces 2 routes ont un statut différent mais je sais aussi qu’elles sont toutes deux financées par de l’argent public. Alors que tout le monde travaille ensemble et se coordonne !
Sur le coût des différents scénarios : les élus connaissent les contraintes qui pèsent sur les budgets. L’investissement qui va être fait doit être un investissement d’avenir pour les 40 ou 50 ans à venir ou bien plus. Doit-on au nom de principes financiers sacrifier un centre bourg et briser définitivement une commune pour cela. Ce serait une grave erreur aux conséquences irréparables et qui ne résoudrait rien. J’ai aussi entendu ceux qui doutent de la sincérité des chiffrages avancés. Ça interroge !
Je sais qu’aucun tracé n’est parfait et que tous ont des impacts plus ou moins importants, mais moi je me place, avec les élus, à l’échelle communale et je pose la question : quel est le scénario qui répond le mieux aux problématiques que je viens de vous exposer, c’est à dire à des enjeux d’intérêt collectif
- qui laissent un avenir à la commune en respectant son intégrité territoriale permettant ainsi un développement cohérent et harmonieux recentré.
- qui répondent aux problèmes de circulation sur le long terme posées par la RN 147 et la RD 951 notamment en séparant les flux selon leur destination.
- qui sauvegardent et améliorent le cadre de vie des habitants en privilégiant le facteur humain d’abord, en réduisant les nuisances sonores et la pollution, en protégeant le patrimoine historique de la commune. Un exemple parmi d’autre : la requalification de la RN 147 dans sa traversée de la commune en boulevard urbain grâce à une circulation apaisée permettant ainsi le développement de transports en commun ou des déplacements doux.
Ce sont d’ailleurs les mêmes propositions que le Conseil municipal formulait déjà en 2002. J’ai là les documents.
Dans les scénarios qui nous sont présentés seul le Nord Long 1, certes avec ses imperfections, répond à ces objectifs.
C’est pour ces raisons objectives que nous nous demandons que soit retenu le Nord Long 1.
Je vous rappelle quand même qu’en 2006 le ministre de l’époque avait déjà retenu l’équivalent du Nord Long 1, ce n’était pas pour rien !
« En conséquence, parmi les tracés envisagés pour la déviation de Mignaloux-Beauvoir la variante Nord N1 constitue la solution la plus avantageuse au regard des différents critères étudiés. »
Ce n’est pas moi qui dis cela mais c’est extrait du rapport de l’état de 2006 !
Après il conviendra, et ce sera l’étape suivante, de trouver le tracé le moins pénalisant et les aménagements possibles pour réduire l’impact de ce scénario.
Nous sommes prêts à y travailler en concertation avec les personnes concernées et les associations.
Un mot pour terminer sur les transports publics. Bien sûr que nous sommes extrêmement favorables à la mise en place de parcobus en amont de Mignaloux-Beauvoir et de lignes de bus cadencées comme nous affirmons depuis des années le rôle que peut aussi jouer la Gare. Mais nous savons aussi que ce ne sera pas suffisant pour tout régler loin de là.