La Cigogne (historique)

ARCHITECTURE, ÉVOLUTION AU COURS DES SIÈCLES

Il existait déjà en 1100 un fief nommé LA CIGUNNA. Ce fief au XIVème siècle dépendait de la commanderie de la VILLEDIEU puis de BEAUVAIS (Beauvoir) puis ensuite des ROCHES (Roches Prémaries).

Le nom de LA CIGOGNE s’est écrit sous plusieurs orthographes au cours des siècles, on trouve en effet : LA SIGOINE, LA SIGONNE, LA SIGOUNE . Rien d’étonnant à cela, la notion d’orthographe ayant toujours été évolutive sinon relative pendant longtemps.

En 1356 du 16 au 19 septembre, la Cigogne était englobée par les Anglais, dans le dispositif de la bataille de Nouaillé, entre le prince noir (Prince de Galles) et le roi Jean le Bon. Ce dernier dormit au Breuil-L’abbesse la veille de la bataille.

Il semblerait que ce soit un certain Pierre ROATIN qui ait construit La Cigogne après 1598. C’était, nous dit un document d’époque, « une maison noble avec jardin, bois, futaies, taillis, vignes, prés, garenne, et terres autour de la maison…» Des bâtiments, grange, cour, grande métairie, le tout entouré de fossés et limité par la route de Poitiers à Savigny. Cette maison dont on ne sait rien d’autre ne ressemblait certainement pas à celle d’aujourd’hui. Par contre, on retrouve toujours des fossés tout autour de La Cigogne, ils canalisent les eaux de pluie des environs.

En 1682, une description de la maison signale à cette époque une maison avec un grand corps de logis central couvert d’ardoises et de tuiles plates, flanqué à chaque bout de deux pavillons. On a donc la maison actuelle. L’extérieur de la maison « était composé d’une cour et de deux colombiers, d’un grand portail pour entrer dans la cour».

L’un des deux colombiers s’est effondré en 1936 celui du coté nord (angle nord de la cour d’honneur). Ces colombiers étaient sans doute reliés par un mur dont les fondations existent et sont actuellement recouvertes par du gazon. Ces fondations sont interrompues exactement au milieu des deux colombiers marquant ainsi l’emplacement d’une porte.

Des questions se posent au sujet des colombiers. Pourquoi trois meurtrières existent-t-elles autour de la tour restante ? deux sont orientées vers l’extérieur, une vers l’intérieur du bâtiment attenant ? La construction actuelle semble avoir été faite en deux fois, dans un premier temps la maçonnerie extérieure, à l’intérieur de laquelle ont été construites ultérieurement des alvéoles nichoirs à pigeons. Ces constats laissent supposer que les deux tours étaient à l’origine destinées à défendre la propriété. Elles existaient sans doute à l’époque médiévale et faisaient probablement partie de fortifications ?

C’est un plan cadastral datant de 1819 qui en dit le plus sur La Cigogne à cette époque sinon aux précédentes. Ce plan est un peu approximatif, il y manque la tour Nord qui existait à cette époque.

Un bâtiment était accolé à la maison, coté Nord et orienté Est Ouest. Démoli dans les années 1875 à 1880 par Hilaire de Curzon, il reliait la maison à la tour. Il communiquait directement avec la maison par le rez de chaussée et par l’étage. Seule reste la porte de communication du Rez de chaussée devenue porte de sortie Nord, les autres passages d’accès bouchés depuis longtemps sont encore présents sous le crépis et localisables à l’intérieur.

Coté Sud un bâtiment également, celui qui existe encore. À l’Ouest devant la maison apparaissent sur le plan cadastral de 1819 deux bâtiments qui étaient entre le fossé actuel et la maison. Ce sont ceux de la grande métairie, ils ont été détruits au milieu du XIXème siècle.

La route qui est dessinée sur le plan cadastral passait en fait beaucoup plus près de la Cigogne, c’est au milieu du XIXème siècle qu’à la suite d’un échange avec la commune elle a été repoussée à son emplacement actuel. Elle est aujourd’hui la « route du château. »

La Cigogne a souvent été remaniée, en 1739 sans doute comme le laisse supposer la date gravée sur le linteau de la fenêtre à droite de la lucarne de la façade arrière. En 1853 également, cette date apparaît sur le fronton de la lucarne arrière au-dessus d’une plaque gravée de la devise « Péligrini sumus sicut patres nostri » (Nous sommes des pèlerins comme nos pères).

La façade la plus intéressante est la façade sur cour, ornée d’un perron dont les balustres sont faites d’un empilement de briquettes plates roses. La porte principale d’entrée donne sur ce perron. Le corps des moulures fines qui l’encadre repose sur une base prismatique et celui qui la surmonte s’appuie sur des culots de goût encore gothique. Ce décor confère à l’ensemble  un aspect quelques peu archaïsant pour l’époque de construction. La mouluration des trois lucarnes de cette même façade présente des caractères voisins. À l’exception de la fenêtre centrale, toutes les fenêtres du premier étage sont ornées d’un arc en chapeau de gendarme d’allure plus récente que les lucarnes. Les gardes corps des deux fenêtres du premier étage des pavillons comportent les initiales MD du nom d’un propriétaire de 1803 à 1818, Monsieur MARCHAND-DUCHAUME.

En janvier 1994 un grave incendie a ravagé La Cigogne, les façades et murs porteurs ont cependant résisté aux flammes. Avec l’assistance d’un architecte des monuments historiques, avec un plan succinct et de nombreuses photographies, il a été possible de la reconstruire à l’identique de sorte qu’elle apparaît aujourd’hui exactement comme les habitants de la région l’ont toujours connue.